Ce n’est pas carnaval tous les jours, pourtant on porte régulièrement des masques. Des masques qui ne se voient pas forcément et qu’on a parfois du mal à enlever tant ils nous collent à la peau… Vous est-il déjà arrivé de ne pas être totalement en accord avec vous-même, votre comportement ou votre discours ? En ne vous reconnaissant pas vraiment ? Agissez-vous différemment selon les personnes avec qui vous êtes ? Si c’est le cas, vous portez peut-être un masque… Mais alors comment l’enlever pour être soi-même ?
Pourquoi jouons-nous un rôle ?
Se conformer pour faire partie d'un groupe
On est des êtres sociaux. On a besoin d’être en relation avec les autres pour vivre. L’instinct de survie, hérité de nos lointains ancêtres, nous pousse à faire partie d’un groupe, car si on se retrouve seul, on meurt.
On est donc poussé à nous faire accepter d’un groupe. Pour cela on doit « ressembler » un minimum à ses membres. On met alors un masque pour mieux se fondre au milieu de nos « congénères » et faciliter notre acceptation au sein du groupe.
Ce masque cache à la base la peur d’être rejeté, de ne pas être apprécié. C’est une peur liée au jugement des autres qui peut se décliner sous différentes formes : peur d’être inintéressant, de ne pas être à la hauteur, d’être trop extravaguant ou trop renfermé, de contredire/contrarier… pour n’en citer que quelques-uns.
Renier une partie de soi qu'on ne veut pas voir
Il peut aussi nous arriver de porter des masques alors qu’on est seul…
Ce masque cache alors une part de nous-même qu’on n’accepte pas, qu’on ne veut pas voir. Qui l’on est ou ce que l’on ressent nous gêne, nous fait honte, nous fait peur… On renie alors notre personnalité, notre histoire ou nos émotions.
On peut ainsi faire comme si tout était ok, alors qu’on est épuisé. On peut paraître excité pour ne pas admettre qu’en fait on a peur. On peut même prétendre être triste pour se donner bonne conscience, alors qu’en réalité on est indifférent. Parfois on met des détails de notre vie de côté pour faire comme s’ils n’existaient pas et éviter de les regarder en face. Certains arriveront même à les oublier.
Ne pas être soi-même pour cacher ses failles
Que ce soit face aux autres ou face à soi-même, un masque est fait pour cacher quelque chose et montrer autre chose. On cache ce que l’on identifie comme une faille, pour montrer ce que l’on identifie comme une force.
Il n’est pas étonnant, et même plutôt logique, que le masque que l’on met est à l’opposé de ce que l’on veut cacher. Par exemple, si vous avez peur d’être trop sensible, votre masque se rapprochera d’une personne sans émotion. Mais chaque masque a ses faiblesses, surtout s’il est porté à l’extrême. Si vous ne semblez pas être touché par vos émotions, vous pourriez au final paraître sans cœur.
Ça me rappelle le film « Ce que veulent les femmes », où le personnage joué par Helen Hunt, sous ses airs très sûre d’elle, cache en fait un manque de confiance. Pourtant ses collaborateurs la jugent comme une dictatrice et une croqueuse d’hommes, puisqu’ils la jugent sur ce qu’ils voient… sur son masque.
En ce qui me concerne, ma peur de ne pas avoir de choses intéressantes à dire au milieu d’un groupe m’a poussée à porter le masque de la timidité (si je ne disais rien, je ne pouvais pas dire de bêtises…), mais ça m’a valu d’être jugée hautaine à quelques occasions.
La plupart d’entre nous aura recourt à des masques divers et variés selon la personne ou la situation qu’il a en face. Et même si dans certaines situations ça peut nous aider, comme pour dépasser une peur par exemple, le port d’un masque n’est pas toujours bénéfique et nous éloigne de qui on est vraiment. Il faut donc savoir le remettre en question…
La recherche de l'identité chez les adolescents
Chez les ados, le désir d’appartenance à un groupe est très fort. En pleine recherche d’identité, les masques sont alors utilisés. Ils sont aussi influençables et ont un esprit moins critique, ce qui leur vaut pas mal de bêtises et de comportements limites.
Les copains qui se mettent à fumer, les copines qui se maquillent, le dernier jeu vidéo à la mode, la façon de parler, de s’habiller… tout est important pour être apprécié d’un groupe. C’est le moment où il ne faut pas sortir du lot mais plutôt s’y fondre. Oser être soi-même n’est pas la chose qui prime dans la tête d’un ado. Je me souviens de mon époque au collège, on était 90% habillés en bombers, jean et Palladium ou Doc Martens. Si vous étiez ados dans les années 90, vous voyez ce dont je parle 😉… Si on se démarquait d’une façon ou d’une autre, on était pointé du doigt, et c’était très moyen pour nos relations sociales.
De nos jours, les ados, très connectés, sont d’autant plus influencés par leurs camarades via les réseaux sociaux et par les « influenceurs » via des plateformes telles que Youtube, Instagram…
L'illusion du soi sur internet
Avec les réseaux sociaux, les gens montrent ce qu’ils ont envie de montrer, ce qui est légitime. On n’a pas forcément envie de s’afficher avec une mine pitoyable en train de pleurer parce qu’on s’est fait larguer ou parce qu’on s’est fait renvoyer. On va plutôt avoir envie de partager notre dernier voyage à l’autre bout du monde ou notre dernière soirée entre potes… Mais ça ne représente pas la réalité, du moins pas complètement. Le problème c’est que beaucoup finissent par idéaliser la vie des autres au détriment de la leur, et donc, pour rentrer dans le moule, vont enfiler le masque qui va bien. La personne qui s’est faite plaquée ne va peut-être pas vouloir accepter d’être triste devant son ami qui vient de se fiancer. Il est probable que son masque montre sa séparation comme une bonne chose, une forme de liberté retrouvée alors qu’au fond c’est un déchirement.
Du côté des influenceurs sur Internet, certains osent faire tomber l’image qu’ils véhiculent pour parler plus à cœur ouvert de certaines difficultés qu’ils ont. Montrer que malgré l’apparence « parfaite », il y a d’autres choses moins roses qui agrémentent leur vie. Heureusement, surtout pour les ados qui, du fait de leur jeune âge, peuvent se faire une image totalement biaisée de la réalité.
Comment oser être soi-même ?
Si vous ne vous sentez pas aligné avec vous-même ou avec vos valeurs, si vous ne vous reconnaissez pas vraiment dans vos propos et attitudes, il est fort probable que vous ayez mis un masque. De même, si vous agissez plus par rapport aux autres et à leurs attentes, que par rapport aux vôtres, si vous montrez ce que les autres veulent voir plutôt que qui vous êtes, c’est que vous n’êtes pas vous-même. Il se peut que ce soit ceux qui vous connaissent vraiment qui vous le fassent remarquer. C’est pas toujours facile à entendre d’ailleurs, mais c’est très utile….
Le problème c’est qu’à force de porter un masque, il risque de vous coller à la peau et vous risquez de ne plus réussir à l’enlever, comme s’il faisait réellement partie de vous. Ça vous rappellera peut-être un film d’ailleurs… 😉 #themask
Pour faire tomber le masque, il va falloir regarder sa peur en face, la remettre en question et trouver comment la dépasser.
Tout d’abord, vous pouvez vous demander si cette croyance se révèle toujours vraie. Il y a de fortes chances que non. Dans mon cas, ma croyance était « je n’ai rien d’intéressant à dire ». Je me pose alors la question « m’est-il déjà arrivé d’avoir quelque chose d’intéressant à dire ? ». La réponse étant oui, je comprends que cette croyance n’est pas une vérité absolue, et que je peux essayer de la dépasser.
Si par contre, vous pensez que votre croyance est toujours vraie, il faut alors essayer de comprendre son origine. Qu’est-ce qui vous pousse à penser ça ? Peut-être des phrases que vous avez souvent entendues dans votre enfance, des expériences que vous avez eues… Je vous renvoie à l’article comment changer une pensée pour plus de détails à ce sujet.
Pour ce qui est du masque que vous mettez face à vous-même, l’idée est d’accepter vos émotions, de les vivre pleinement, même si elles sont désagréables, même si elles vous mettent en difficulté. Car les renier ne fait que les renforcer (➡️ les émotions).
Et si de temps en temps vous enleviez le masque juste pour voir… qu’y a-t-il dessous ?
Avez-vous pu identifier quelle partie cachez-vous et pourquoi ?
« La plus grande bataille à laquelle nous faisons face en tant qu’êtres humains est la bataille de protéger notre être véritable de l’être que le monde veut que nous devenions. »
Pour aller plus loin et comprendre les attitudes de votre ado (car lui aussi a très envie de porter un masque), je vous suggère de lire : Comprendre son ado et comprenant son cerveau.